lundi 1 août 2016

La crise d'Incirlik

L'OTAN confronté à la crise la plus grave de son histoire
La base stratégique de l'OTAN, à Incirlik 
Le moins que l'on puisse dire est que "le torchon brûle entre Ankara et Washington depuis le coup d'état manqué du 15 juillet dernier, et le fait que les médias occidentaux affichent une discrétion inversement proportionnelle à la gravité de la situation montre à quel point les occidentaux et particulièrement l'OTAN vivent une des crise majeure les plus grave de leur histoire !

Le sulfureux sultan moderne Erdogan est furieux contre Washington qu'il soupçonne de d'avoir organisé, ou soutenu ce coup d'état dont il soupçonne le réseau Gûlen, actuellement en exil aux Etats Unis d'en âtre la cheville ouvrière. 

L'intrigant despote Obama est furieux contre Ankara qui est indiscipliné jusqu'à être ingérable dans sa duplicité politique qui aujourd'hui abandonne son soutien à l'opposition syrienne et pire, renoue un partenariat avec Moscou...

De fait et quel que soit le niveau de connaissance voire d'implication dans la tentative de coup d'Etat en Turquie, Washington aurait eu tout a gagner si Erdogan avait disparu de l’échiquier international...D'autant plus que le problème turc est devenu depuis une crise majeure et un risque pour l'OTAN de voir disparaître la deuxième armée la plus importante de l'organisation et surtout une position géostratégique majeure sur le plan économique et énergétique et au coeur des conflits actuels et certainement futurs les plus importants...

Cette tension entre Washington et Ankara qui est sur le point d'éclater en crise majeure, se cristallise autour de la base stratégique de l'OTAN située à Incirlik. Cette base dont de nombreux officiers étaient impliqué dans le coup d'Etat est la plus grande base militaire étasunienne de la région, et si les médias font le buzz sur la présence d'un arsenal nucléaire important dans son armurerie, c'est surtout la garnison américaine et le symbole qu'elle représente qui est l'objet de toutes les attentions et les tensions présentes.

Depuis le coup d'Etat manqué la base est encerclée par les forces spéciales d'Ankara appartenant à l'armée et la police turques Quel est le but de cette opération qui ressemble à une prise d'otage stratégique ? Ankara cherche t-elle un moyen de chantage pour obtenir l'extradition de l'opposant Gülen en exil aux USA, ou la base sert-elle de bouclier pour parer une deuxième tentative de renversement dont la menace n'est pas complètement écartée malgré la purge réalisée au sein de l'appareil militaire turc.

Quoiqu'il en soit dans le domaine des turquo-occidentales, il y aura un avant putsch et un après putsch qui risque au mieux de se limiter à une entente cordiale minimale entre partenaires...

Le Président Turc doit début août rencontrer le Président Poutine à Moscou et il est déjà question d'un retour à un partenariat constructif, notamment autour des projets gaziers du "Turkish stream" qui, s'il est signé risque fort de provoquer l'ire des néo-conservateurs étasuniens et de leur meute de princes saoudiens, qatari etc...et surtout de rendre difficilement compatible sa coexistence avec une organisation militaire entièrement dévouée depuis le sommet de Varsovie a déclaré une guerre d'intention contre Moscou...

Comme on dit.... "Wait and see !..."

Erwan Castel

Source de l'article, le lien, ici : Réseau International

La Turquie nouvelle assiège Inçirlik

Comme nous l’avons annoncé ici, la base d’Inçirlik demeure encerclée depuis le putsch militaire raté contre le président Erdogan: plus de 7000 éléments d’élite de la police turque, dotés de véhicules blindés, de missiles antiaériens portatifs et de systèmes antichars assiègent la base aérienne d’Inçirlik (Adana) en Turquie méridionale.

Cette base stratégique utilisée par les États-Unis et leurs alliés de l’Alliance Atlantique dont la Turquie est un État membre joue un rôle de premier plan dans les opérations militaires de l’empire au Levant et l’ensemble du Moyen-Orient. Mais ce n’est pas tout: la base abrite près d’une centaine (estimations variant entre 60 et 95 unités) d’armes nucléaires tactiques d’une puissance évaluée par des analystes turcs à une douzaine de mégatonnes.

Des sources turques évoquent un incident qualifié d’assez sérieux intervenu une semaine auparavant aux alentours de la base lorsque des commandos non identifiés ont tenté de briser le siège de la police turque. Un double incendie de diversion suivi par un très intense échange de tirs ont abouti à un statu quo assez inquiétant.

Des snipers turcs positionnés à l’extérieur de la base recourent depuis jeudi à des tirs sporadiques de provocation. L’un de ces tirs de précision (utilisant un calibre 12.7 mm) aurait atteint le secteur utilisé par les militaires US, faisant monter d’un cran supplémentaire l’extrême tension prévalant désormais entre Ankara et Washington.

Ce qui est rapporté ci-dessus se passe dans un pays de l’Otan où est entreposé une impressionnante force de frappe nucléaire.

Ironie du sort, ces événements signent de façon irrévocable la fin de l’Otan, quelques jours à peine après son dernier Sommet de Varsovie, lequel s’est révélé de très mauvaise augure.

Il demeure totalement invraisemblable que les partisans du président Erdogan puissent convoiter les armes nucléaires à Inçirlik comme le laissent entendre certaines rumeurs folles en Turquie (colportées entre autres par la mafia, le PKK et …Daech!) Cependant une chose est certaine: Erdogan semble être résolu à quitter l’Otan. C’est du moins ce qu’affirment ses partisans les plus proches. Reste à savoir quand et comment. Un véritable casse-tête technique, juridique et politique.

Dans les faits, la Turquie pourrait très bien demeurer au sein de l’Otan tout en se considérant en dehors de cette alliance. Or tous les échos en provenance de Turquie renforcent cette idée.

Nous sommes donc face à une Turquie nouvelle, en rupture totale avec celle ayant existé de 1924 à 2015. Les dirigeants de l’Union Européenne se sont tellement auto-intoxiqués en tentant de se persuader que le putsch n’était qu’une énième machination d’Erdogan (ce qui est non seulement erroné mais non dénué d’une certaine perfidie) qu’ils ont oublié l’essentiel: un pays hautement stratégique à cheval entre l’Occident et l’Orient, entre le Nord et le Sud, ayant joué un rôle primordial dans la stratégie occidentale durant la guerre froide et bien au delà, est en train d’être perdu. Cela a un nom: c’est un désastre stratégique complet.

Finalement, ceux qui ont confectionné les révolutions de couleurs et autres ingénieries du chaos (dans le monde musulman et sur les marches historiques de la Russie notamment) se sont révélés non seulement de bien piètres stratèges mais totalement à côté de l’histoire…

C’est une leçon d’histoire. Une autre.

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