lundi 22 août 2016

Ce qui nous attend

Source de l'article ici : Le Saker francophone

Une guerre froide au service d’une guerre géo-économique

Jérôme Bosch "enfer"

Par Alberto Rabilotta et Michel Agnaïeff – Le 12 août 2016

Aujourd’hui, un quart de siècle pourtant depuis la dissolution de l’Union soviétique, la guerre froide ressurgit et représente une menace croissante pour la paix mondiale. La tentative en cours de se servir de l’expansion de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) pour compléter l’encerclement militaire de la Russie et le pivotement des États-Unis vers la région Asie-Pacifique pour y préserver leur statut de maître du jeu, notamment en mer de Chine, sont perçus comme les sources immédiates de cette résurgence d’une guerre froide qu’on pensait disparue à jamais.

Aucun secret n’entoure d’ailleurs la volonté de Washington de faire grimper les tensions. Au fil des jours, les annonces se suivent pour réaffirmer la présence active de l’OTAN en Europe, et en particulier dans les pays limitrophes de la Russie. Cela se traduit par la création de nouvelles bases militaires, l’installation de systèmes avancés de radars et de missiles de portée moyenne pouvant être équipés d’une charge nucléaire, et le stationnement prochain de bombardiers stratégiques B52 dans les bases aériennes européennes de l’OTAN. Le tout se déploie dans le contexte de manœuvres militaires incessantes. Un bon exemple est fourni, entre autres, par l’exercice Anaconda-16 qui a été le plus important déploiement de forces étrangères en Pologne depuis la Seconde Guerre mondiale. Un rythme tout aussi soutenu s’observe également dans les vols de reconnaissance à caractère intrusif et les manifestations ostensibles de la présence des navires de guerre des États-Unis et de leurs alliés au large des eaux territoriales russes ou encore en Méditerranée orientale.

Ces démonstrations de force inspirées par « la stratégie du bord du gouffre » sont dépeintes toutefois par la presse occidentale conjurée comme constituant uniquement une réponse « légitime » à une menace russe (supposée et jamais démontrée) contre les pays baltes et la Pologne. La Russie serait l’agresseur et l’OTAN la victime qui tenterait de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Il en va de même pour la tournure prise par les événements en Ukraine, après le renversement du gouvernement Yanoukovitch, où absolument tout « relèverait d’une ingérence russe intolérable ». Dans le cas de la Chine, elle juge de la situation comme si l’enjeu de la liberté de navigation se limitait au « droit » des vaisseaux de guerre américains de patrouiller dans les eaux de la zone économique exclusive de 200 milles de la Chine, ou encore de « contrôler » les eaux du détroit de Malacca qui est une artère vitale pour l’économie chinoise.

La presse occidentale encadre de la sorte les faits et les événements dans une toile de fond où peu de place est laissée à des analyses plus équilibrées de situations en voie de devenir rapidement explosives. Et relègue dans le purgatoire des théories du complot les tentatives de prise de distance critique avec une narration dominante. Cette narration, concoctée principalement par des cercles de réflexion américains, est d’ailleurs bien servie par la concentration de la propriété des médias de masse ; la proximité des rédactions avec les gouvernements respectifs, notamment dans la couverture des questions internationales ; la dépendance excessive à l’égard des sources d’information dites reconnues ; et par l’homogénéité mentale des journalistes travaillant dans ces médias de masse, des journalistes qui sont eux-mêmes les cibles des stratégies de persuasion qu’ils relaient.

Les points de vue sur les causes de la résurgence de la guerre froide varient évidemment beaucoup. Celui des médias de masse est le plus souvent simplificateur et moralisateur. Il laisse sous-entendre que la source des tensions serait la persistance d’une sourde lutte entre le mal (autoritarisme et corruption) et le bien (économie de marché et liberté démocratique). Pour leur part, les points de vue qui se situent à la marge, en nuance ou en opposition à cette narration dominante, tendent surtout à invoquer le poids dominant de l’histoire, de la géographie ou encore des choix politiques faits sous la pression d’intérêts étroits d’ordre économique ou financier.

Ces facteurs jouent bien entendu dans la situation actuelle. L’explication de la reprise de la guerre froide ne peut pas toutefois se réduire à la constatation, si juste soit-elle, que la montée des tensions sert bien les intérêts du complexe militaro-industriel des États-Unis, notamment par la restauration d’une « menace russe » plus convaincante qu’une menace terroriste, réelle, mais restreinte, pour justifier des énormes budgets d’armement. Elle ne peut pas non plus se limiter aux seules considérations géostratégiques inspirées plus ou moins par les théorisations de géopoliticiens comme Mahan, Mackinder ou Spykman.

Une part de l’explication est, certes, dans le « problème » que pose à la volonté de suprématie des États-Unis la singularité de la position géographique de la Russie, située en plein dans le  heartland  ou pivot géographique de l’histoire du monde, la montée en puissance de l’Allemagne en Europe et la possibilité d’un partenariat germano-russe orienté vers l’Eurasie. Le projet chinois des routes de la soie ne passe pas non plus inaperçu ces temps-ci à Washington qui y voit le premier pas concret vers la formation d’un bloc sino-eurasien. C’est ce « problème » qui a poussé, dans les années 1990, Zbigniew Brzezinski à prôner, au nom de la défense de la prépondérance mondiale des États-Unis, l’endiguement, d’une part, de toute tentative de la Russie de retrouver son statut de grande puissance et, d’autre part, la vassalisation de l’Europe par le biais de relais politiques et médiatiques acquis à l’atlantisme sur le continent. Les États-Unis se seraient réservé ainsi le rôle d’arbitre clé des relations de pouvoir au sein de l’espace eurasien qui lui avait été ouvert par le démantèlement de l’Union soviétique. Le redressement de la Russie sous Vladimir Poutine, l’affirmation de la puissance chinoise et l’échec des politiques néoconservatrices adoptées après les attentats du 11 septembre 2001 rendront cependant irréalisable la « doctrine » Brzezinski.

Au lieu de tenter de contrôler le cœur du continent eurasiatique, Les États-Unis choisiront plutôt d’asseoir leur suprématie sur leur position de force dans le système financier international et dans le domaine des nouvelles technologies. Ils miseront principalement sur la conclusion de traités commerciaux bilatéraux, où ils feront jouer à leur avantage l’inégalité de puissance entre eux et leurs partenaires pour imposer des éléments de conditionnalité politique. Cette approche leur permettra de contrer, ici là, les tentatives d’intégration économique régionale initiées à leur insu et d’ouvrir la voie à des traités interrégionaux jugés plus appropriés pour la poursuite de leurs intérêts en matière de politique économique et extérieure. Le rôle d’arbitre des relations de pouvoir à travers le monde que s’attribueront les États-Unis deviendra vite indissociable de leur volonté de soumettre les pays signataires de ces traités aux intérêts d’un système économique que ces mêmes États-Unis auront inlassablement mis en place dans le monde et dont ils seront les bénéficiaires presque exclusifs.

L’exercice de l’hégémonie transitera donc principalement par l’instauration du néolibéralisme à travers le monde. La pression impérialiste jouera à fond dans la conclusion de ces traités commerciaux. Destinés officiellement à assurer un bon environnement  pour les affaires dans le cadre du processus d’internationalisation de l’économie, ces traités serviront avant tout à conforter des mécanismes essentiels de l’ordre impérial américain, à savoir la primauté du système financier américain, le statut de monnaie mondiale du dollar, l’application extraterritoriale des lois américaines, la reproduction des standards américains dans la réglementation sur la propriété intellectuelle et la multiplication de mécanismes privés de règlement des litiges commerciaux qui marginalisent le rôle des gouvernements nationaux dans les orientations économiques des pays.

La pression impérialiste jouée à fond ira jusqu’à la déstabilisation des « pays récalcitrants » plus faibles. Celle-ci passera par les voies bien connues maintenant de la remise en question du caractère démocratique des élections et de la légitimité du pouvoir en place, du soutien organisationnel et financier de la contestation intérieure, des accusations de manquements au respect du droit de la personne ou de corruption dans les rouages de l’État et de pressions économiques de toute sorte. Dans le cas des pays jugés plus difficiles à ébranler, comme la Russie ou la Chine, la stratégie sera plutôt celle de l’endiguement et de la création de menaces dans leurs zones frontalières. On peut penser ici à l’agitation entretenue dans le Caucase, au renversement de gouvernement en Ukraine en 2014 ou encore à l’exploitation du séparatisme ouïghour dans le Sin-Kiang ou à la création de tensions en mer de Chine du Sud.

En Amérique latine, terrain d’essai des politiques de l’impérialisme néolibéral, Washington et ses alliés locaux réussiront, en exerçant leur influence sur le pouvoir judiciaire « indépendant » et les médias conjurés, à renverser des gouvernements (coups d’État au Honduras en 2009 et au Paraguay en 2012 et processus politique de destitution de la présidente brésilienne Dilma Rouseff en 2016). Ils pourront aussi paralyser de la même manière des gouvernements qui cherchaient à renforcer la démocratie et la justice sociale (entre autres, l’Argentine, lors de la présidence de Cristina Fernández et le Salvador, lors de celle de Sanchez Cerén). La subversion ainsi mis en œuvre dans son pays amènera le politologue argentin Edgardo Mocca à écrire qu’une question de fond est en train de se poser « sur le rôle du pouvoir judiciaire dans la démocratie argentine, parce que s’accumulent les éléments qui induisent à penser que la corporation judiciaire s’est convertie en un des piliers de la restauration néolibérale, sur un pied d’égalité avec les chaînes d’information monopolistiques, dans une distribution intéressante de rôles : les médias construisent la carte des bons et des méchants dans la politique argentine et quelques juges traduisent cette cartographie en fautes relevant de la justice ». Cette critique se retrouvera partagée également par Raúl Zaffaroni, un ex-juge de la Cour de suprême de justice de l’Argentine.

En fait, l’hégémonisme des États-Unis et le néolibéralisme se renforceront mutuellement, en permettant, une fois la menace d’un système socio-économique alternatif effacée, de rétablir le pouvoir et les revenus des monopoles et de la grande entreprise, et par ricochet des oligarchies financières et industrielles des pays « développés » (autrement dit la triade constituée par les États-Unis, le Japon et l’Union européenne), dont l’influence déjà déterminante au sein des systèmes politiques nationaux croîtra encore. D’immenses revenus provenant du reste du monde seront drainés vers ces mêmes pays, et principalement les États-Unis, sous la forme de « rentes ». Les processus d’internationalisation de l’économie et de la transnationalisation des firmes occidentales deviendront ainsi cruciaux pour ces oligarchies qui se rallieront sans réserve au néolibéralisme globalisé. Il s’agira dès lors pour elles de préserver à tout prix les intérêts de ces firmes (et les leurs) dans la gestion du marché mondial.

Conjugué au pluriel depuis ses origines, l’impérialisme évoluera vers une forme plus collective où les États-Unis agiront comme les défenseurs de ces « intérêts communs » partagés avec leurs alliés subalternes, soit les autres membres du G7. Ce dernier sera érigé en directoire du monde. Dans cet arrangement, les alliés subalternes accepteront de se contenter d’un partage inéquitable des avantages qui pouvaient en être tirés, leurs oligarchies nationales considérant que « les avantages procurés par la gestion du système mondialisé par les États-Unis pour le compte de l’impérialisme collectif l’emportaient sur ses inconvénients. »


Le rêve (et le cauchemar) d’un retour à un monde unipolaire

S’inscrivant désormais dans le rôle de gendarme musclé de cette mondialisation néolibérale, Washington s’arrogera le droit d’intervenir un peu partout sur la planète, recourant aussi bien à son immense toile de réseaux d’influence et de relais dans les pays cibles qu’à la force brutale. Le bilan de ces dernières décennies est particulièrement lourd avec les diverses tentatives de changement de régime, les invasions de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Libye. Le fait est qu’au cours de la brève période d’unipolarité qui suivit la disparition de l’« ennemi » soviétique et de la menace communiste, les États-Unis se sont mis à considérer leur hégémonie comme un fait irréversible et que ce point de vue continue de dominer la pensée politique américaine. Cet état d’esprit se perpétue nonobstant le changement du rapport des forces dans l’arène économique mondiale  ; l’échec patent du néolibéralisme dans la résolution à long terme du problème du réinvestissement profitable du capital dans l’économie réelle, qui mine les économies avancées depuis les années 1970  ; et la perte de crédibilité de plus en plus marquée des milieux dirigeants auprès des populations, comme on peut le constater dans le cas des États-Unis, du Royaume-Uni et d’autres pays de la triade.

L’inflexibilité demeure le mot d’ordre dans la poursuite des politiques impérialistes. Elle a deux sources principales. La première est la rigidité du nouvel ordre légal international qui s’est implanté au fil des différents accords bilatéraux et multilatéraux sur le commerce, les investissements et la propriété intellectuelle. Ces accords et le « sanctuaire » qu’ils ont créé pour les intérêts financiers − afin de les protéger des décisions politiques − ont subordonné les États à ce nouveau droit. Dans la vie sociale réelle, l’effet a été de vider la démocratie libérale et représentative de son contenu, en ne conservant finalement que son aspect formel.

Contrairement au capitalisme de l’ère industrielle − qui pour survivre et conserver le pouvoir finissait par accepter de négocier des réformes sociales avec les forces syndicales et politiques − l’actuel système écarte tout changement ou transformation du modèle économique. Il révèle ainsi sa nature profondément antisociale et commence de ce fait à susciter des inquiétudes chez des économistes de renom et dans des médias spécialisés s’adressant aux chefs d’entreprises. La rétro-alimentation mutuelle entre gouvernants et gouvernés est pratiquement au point mort et la propension des gouvernants à se conformer aux dogmes sous-jacents du modèle économique dominant joue nettement au détriment de la pertinence sociale des politiques adoptées.

Comme dans le cas des monarchies absolutistes de droit divin, l’espace laissé à la négociation et au donnant-donnant est désormais trop réduit pour permettre que des réformes favorisant les économies et les sociétés réelles se fassent jour. Et cette impasse se reflète autant dans la vie politique et sociale des pays du bloc occidental que dans leurs rapports avec les pays perçus comme récalcitrants.

La seconde source est l’homogénéité mentale des titulaires des emplois supérieurs dans les sphères politiques, économiques, médiatiques et académiques. Cette homogénéisation est le fruit d’un envahissement déterminant de ces sphères par les idées néolibérales au cours des dernières décennies. Pendant trop longtemps, les formations reçues et les critères de sélection ont ainsi joué à l’avantage d’un type de profil de candidats. Et aujourd’hui, cette homogénéisation mentale nuit à toute remise en question des fondements du néolibéralisme, à l’exploration de solutions de rechange s’éloignant de ces fondements et donc à la souplesse dans la négociation tant dans le domaine des relations et des rapports sociaux que celui des rapports internationaux.

Cette inflexibilité, dans un contexte d’instabilité hégémonique croissante, a pour conséquence des comportements internationaux des États-Unis et de leurs alliés subalternes de plus en plus en porte-à-faux avec la réalité. Une des manifestations est la dysharmonie qui s’installe dans des parties de leur système d’alliances dans le monde.

Une certaine griserie née des « vapeurs » de l’unipolarité, qui commenceront d’ailleurs à se dissiper rapidement vers le début de 2013, peut expliquer dans une certaine mesure le laxisme des États-Unis dans le maintien de la discipline au sein de leurs alliés. Mais à bien considérer les choses, ce laxisme peut aussi s’expliquer par les transformations imposées par la dualité totalitarisme néolibéral et hégémonisme américain qui peut être source de contradictions.

La défense à tout prix de l’unipolarité, les failles de la discipline dans le camp des alliés et les comportements très téméraires qui en ont découlé au Proche-Orient, en Afrique du Nord ou à la périphérie de la Russie et de la Chine ont permis de créer un chaos bien planifié et utile à l’impérialisme dans les relations internationales et la gestion à court terme et à courte vue des contradictions politiques, économiques et sociales générées par le totalitarisme néolibéral. Cette gestion est par exemple bien servie par la création et l’exploitation sans fin de tensions dans le monde qui peuvent être vues comme fournissant une soupape externe aux pressions sociales internes. Quant à la logique propre à la dynamique de l’impérialisme, le chaos dans lequel s’enfonce par exemple le Moyen-Orient en témoigne éloquemment. Les invasions de l’Irak et de la Libye, la déstabilisation de la Syrie, l’ouverture politique à l’endroit de la confrérie des frères musulmans en Égypte et ailleurs, le soutien apporté aux régimes confessionnaux et rétrogrades ont pour le moins compliqué et retardé considérablement l’émergence d’un monde arabe plus stable et plus développé, autrement dit l’émergence d’un pôle arabe dans un monde évoluant vers la multipolarité.

Ce qui est toutefois plus certain en ce moment, et ce, bien au-delà des avantages tactiques et des victoires à la Pyrrhus gagnés dans ce chaos, est l’ensemble des risques énormes encourus par la paix régionale et mondiale. On peut penser ici aux agissements du président Erdogan en Turquie, un pays membre pourtant de l’OTAN, avec son projet de reconstitution de l’Empire ottoman, son appui aux rebelles radicaux en Syrie et sa répression sanglante contre les Kurdes sur le territoire national  ; ou encore à la poudrière créée par le « changement de régime » en Ukraine et la formation d’un gouvernement dominé par une alliance entre des oligarques à l’origine des problèmes du pays, des ultranationalistes et des néonazis de souche récente ou ancienne. Et que dire de la politique suivie par la famille royale d’Arabie saoudite ? Elle finance le terrorisme et se sert d’un mouvement politico-religieux, le wahhabisme, pour déstabiliser des sociétés qui se veulent un peu laïques ; elle provoque ouvertement des conflits, comme en Syrie ou au Yémen, et s’acharne à faire monter les tensions avec l’Iran, quitte à précipiter toute la région dans la guerre. Il en est de même d’Israël qui est profondément engagé dans la confrontation avec l’Iran et qui participe à la déstabilisation en cours de la région, se payant de surcroît le luxe d’ignorer des décennies de condamnations et de critiques pour ses politiques d’expansion territoriale et de répression brutale du peuple palestinien.

Il n’y a rien donc de vraiment surprenant dans la mise en garde lancée récemment par Ted Galen Carpenter, membre important du très conservateur Institut Cato et collaborateur du National Interest, selon laquelle « il était temps d’élaguer le réseau d’alliances envahissantes de l’Amérique ». À son avis, c’était une tâche qui n’avait pas été remplie par l’OTAN à la fin de la guerre froide et qui était devenue désormais urgente. Deux types de pays alliés auraient dû être « élagués » : des alliés comme les pays baltes, trop petits, sans importance stratégique sur le plan économique pour les États-Unis et hypothéqués de surcroît par de mauvaises relations avec la Russie  ; et les alliés devenus « odieux » à cause de leurs politiques nationales et régionales, allant de l’Arabie saoudite à la Turquie, en passant par l’Égypte et Israël.

Cependant, cet « élagage » ne se fait pas et ne se fera pas non plus dans un avenir proche. Bien au contraire, les États-Unis continuent par exemple de recruter ou de chercher à recruter dans leur camp le plus grand nombre possible de pays voisins de la Russie, sans tenir compte des intentions politiques cachées ou non de ces nouveaux alliés. Et ce, même si, en cas d’un grave incident frontalier provoqué à l’insu de Washington, tout acte de guerre risquait de se transformer en conflagration nucléaire le temps d’un éclair et tout affrontement régional de se muer rapidement en conflit mondial.

Aux yeux d’un bon nombre d’observateurs, Washington laisse nettement l’impression de ne pas pouvoir ou de ne pas vouloir imposer à ses alliés la discipline impériale dans le délicat domaine des gestes qui peuvent mener à la guerre. Cette discipline repose depuis des millénaires sur le principe que les intérêts des alliés et des vassaux devaient se subordonner sans faute à l’intérêt suprême de l’empire. Même si, séduisantes de prime abord, les distinctions entre les différentes formes d’hégémonisme et d’impérialisme ne suffisent pas à expliquer la rupture avec ce principe.

Au vu de la réaction fortement négative d’Israël et de l’Arabie saoudite à l’abandon, par l’administration Obama, du président égyptien Hosni Moubarak en 2011, il devient difficile d’écarter l’hypothèse qu’un monde unipolaire convenait finalement à un bon nombre d’alliés des États-Unis. Il leur offrait après tout un cadre qui facilitait la réalisation de leurs propres ambitions régionales. Ces alliés n’ont donc aucun intérêt, ni d’ailleurs aucune intention, de perdre les avantages que leur générait l’unipolarité. Ils continuent donc d’agir témérairement selon un scénario dépassé, en provoquant ou en alimentant des confrontations politiques ou militaires. Un retour à la guerre froide peut donc paraître avantageux à plusieurs d’entre eux.

Dans un récent article intitulé « Des États-Unis, toujours plus instables », le sociologue Immanuel Wallerstein s’est penché sur l’instabilité qui n’est plus l’apanage des pays dits du « Sud » et qui se propage maintenant aussi dans les sphères sociale et politique des États-Unis. Il y affirme que parallèlement, l’autorité des États-Unis dans le monde n’a fait que décliner. « En réalité , écrit-il, ce pays n’est plus hégémonique. Les mécontents et leurs candidats l’ont noté, mais estiment ce phénomène réversible, ce qu’il n’est pas. Les États-Unis sont désormais considérés comme un partenaire mondial faible et incertain. On ne parle pas ici seulement du point de vue d’États, comme la Russie, la Chine et l’Iran, qui se sont fortement opposés par le passé à la politique américaine. On parle désormais d’alliés supposés proches, Israël, l’Arabie saoudite, la Grande-Bretagne ou le Canada. Sur une échelle mondiale, la confiance dans la fiabilité des États-Unis sur la scène géopolitique est passée de chiffres proches des 100 % pendant l’âge d’or à des niveaux bien plus bas. Cette tendance se confirme de jour en jour ». Le jugement sévère porté par Wallerstein semble bien confirmé par les faits, avec les virages et changements de la politique extérieure de la Turquie après l’étrange tentative de coup d’État du 19 juillet 2016.

Cette dégradation n’a pas échappé au diplomate féru d’histoire qu’est le ministre des Affaires étrangères de la Russie, Serguei Lavrov. Se référant aux changements importants en cours sur la scène internationale, il a rappelé, le 1er juin dernier, que de nouveaux centres de développement économique et d’influence étaient en voie d’émerger et de se renforcer, notamment dans la région Asie-Pacifique, et a souligné le phénomène extraordinaire que représentait la transformation de l’Europe « en une région qui n’irradie plus le bien-être traditionnel, mais l’instabilité. »

« L’irradiation » de l’instabilité à partir de l’Europe est générée sans doute par les effets pervers du modèle socio-économique et politique de l’Union européenne (UE) et par l’incapacité des acteurs principaux de cette union, en particulier l’Allemagne et la France, de s’opposer aux politiques téméraires de Washington. À cela s’ajoute cependant aussi le refus de commencer à accepter que l’hégémonie néolibérale et l’unipolarité soient maintenant des choses du passé et que le monde soit désormais engagé dans une transition qui peut devenir une période d’incubation de la multipolarité, ou du polycentrisme comme disent les Russes.


Guerre froide et guerre psychologique pour livrer la bataille géoéconomique ?

La présidente « suspendue » du Brésil, Dilma Rousseff, déclarait récemment que l’émergence du groupe des BRICS (le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud) avait été un événement sans précédent dans les affaires internationales, une apogée du point de vue des processus multilatéraux et de la construction d’un monde multipolaire. Pensant probablement aux pays de la triade, elle a ajouté aussi ces mots : « nous savons que cela a fait peur à quelques pays. »

Si, comme Wallerstein le souligne, l’impérialisme américain n’est déjà plus dominant, alors le combat à « la vie et à la mort » contre toute solution de rechange socio-économique au projet néolibéral nous permet de comprendre l’urgence mise par Washington et ses alliés de l’OTAN d’abord dans la création d’un spectre, celui d’un  ennemi stratégique commun ; ensuite dans le déchaînement d’une guerre froide, assimilable à une marche forcée politique et idéologique, en vue de contraindre le monde occidental à la cohésion  ; et enfin dans la fabrication de « justifications » pour le matraquage idéologique, la répression policière, l’intervention directe ou l’ingérence et la subversion, dans le but d’éradiquer toute solution de rechange socio-économique − qu’elle soit nationale, régionale ou internationale, capitaliste ou non − qui répondrait aux besoins sociaux et économiques légitimes des peuples.

Le Cubain Fabián Escalante Font nous fournit une bonne piste pour comprendre cette réalité complexe quand il fait remarquer que le concept de « guerre psychologique » a commencé à se former aux États-Unis à la fin des années 1940, avec le début de ce qui sera appelé un peu plus tard la « guerre froide ». C’est précisément en 1951 que ce concept va figurer pour la première fois dans le dictionnaire de l’armée américaine sous la définition suivante : « La guerre psychologique, c’est l’ensemble des actions entreprises par une ou plusieurs nations à l’aide de la propagande et d’autres moyens d’information, orientés vers des groupes ennemis, neutres ou amis de la population, pour influencer leurs idées, sentiments, opinions et comportements, de sorte qu’ils soutiennent la politique et les objectifs de la nation ou d’un groupe de nations auxquelles sert cette guerre psychologique. »

Tout cela devient encore plus compréhensible si nous y intégrons le concept qui est de plus en plus à la mode, et qui est en fait une resucée d’une vieille pratique de Washington : « faire la guerre par d’autres moyens ». C’est d’ailleurs à peu près le titre (La guerre par d’autres moyens) d’un livre récent de R.D. Blackwill et J.M. Harris, deux piliers importants du courant néoconservateur. L’ouvrage a fait l’objet d’éloges dans la revue du Council of Foreign Relations (CFR), grand creuset des politiques impérialistes, s’il en est.

Le CFR s’empresse d’y souligner en premier lieu que l’expérience combinée des deux auteurs en matière de politique internationale, acquise dans les administrations républicaines et démocrates, les autorise à demander au gouvernement des États-Unis de porter au comportement géo-économique un intérêt égal à celui accordé à la coopération en matière de sécurité dans les relations avec les pays alliés et partenaires, et d’utiliser, par exemple le fait que les États-Unis soient une « superpuissance énergétique » pour venir en aide à des alliés, comme la Pologne et l’Ukraine, et pour veiller à ce que l’Accord de partenariat transpacifique (TPP) et le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TIIP) « servent à équilibrer les politiques géo-économiques de la Chine et de la Russie ».

Pour sa part, Julian Snelder adopte un ton plus détaché dans son compte rendu du livre. Il constate que le propos de Blackwill et Harris n’est pas tant de demander aux États-Unis d’abandonner leur rôle mondial que de les inciter à le jouer « avec une stratégie qui maximise les intérêts américains par le commerce, les finances et les investissements ». Il rapporte à ce sujet quelques citations qui sont intéressantes, même si elles n’apprennent rien de vraiment nouveau, comme « la course au leadership en Asie se dispute fondamentalement dans le domaine économique », ou encore « Washington porte encore trop rapidement la main à son pistolet au lieu de son portefeuille, dans la résolution des problèmes extérieurs ».

Snelder fait noter également le lien entre le titre ou le contenu du livre et les thèses d’Edward Luttwak, faucon bien connu, qui peuvent se résumer, entre autres, dans sa paraphrase de Clausewitz, où il affirme que la géo-économie est « la continuation des anciennes rivalités entre des nations par des moyens industriels ». Snelder fait remarquer aussi que les adversaires identifiés dans cette confrontation géo-économique sont la Chine, la Russie et d’autres États capitalistes, dans lesquels les gouvernements nationaux sont les principaux acteurs dans le champ des affaires. Il souligne à ce sujet que Blackwill et Harris estiment que les banques de développement de la Chine (CDB) et du Brésil (BNDES) permettent « de faire de la diplomatie avec le capital à une échelle en grande partie inégalée à l’Ouest. »

À l’argument que le commerce, les finances et les investissements devraient servir d’armes, et qu’à ce chapitre les États-Unis auraient manqué de vigilance, Snelder réplique que « Cuba et l’Iran sont probablement un désaccord (avec cet argument). Les sanctions sont parmi les outils géo-économiques les plus puissants utilisés par les États-Unis, avec des effets dévastateurs », et il ajoute que même les auteurs de  War by Other Means  [La guerre par d’autres moyens, Ndlr] mentionnent que les États-Unis ont été le pays qui a, en réalité, le plus recouru aux sanctions, en quelque cent vingt occasions au cours du siècle passé. En remontant un peu le fil de l’histoire, Snelder aurait pu penser aussi au traité de Versailles (1919) et à l’hostilité profonde affichée à l’encontre de l’URSS (et des autres pays socialistes par la suite) qui s’est concrétisée fondamentalement sur les terrains économique, commercial et technologique. L’intention était d’empêcher un développement économique harmonieux de ces pays en bloquant leur intégration au commerce international. Cette approche est toujours là. La politique de la canonnière de l’Empire britannique ne fait que se poursuivre sous une forme plus sophistiquée.


Comme autrefois l’impérialisme capitaliste est la question centrale

La mobilisation pour la paix s’impose plus que jamais. Un nombre toujours croissant de militants politiques et sociaux d’Europe, des États-Unis et d’ailleurs concentre ses efforts dans ce sens. Ces militants proviennent d’horizons différents, mais ils ont en commun le fait d’avoir pris acte des ravages passés et présents du libéralisme économique sans frein. Ils savent que ce libéralisme économique, au fil de ses différentes phases à partir du XIXe siècle, a toujours conduit à des conquêtes impérialistes et à la rapine coloniale au Sud, et à leur contrepartie au Nord qui est l’implantation d’un système rentier et parasitaire destructeur de la société. Ils savent aussi que ce libéralisme économique débridé a été à l’origine de conflits en Europe et de deux guerres mondiales (1914-1918 et 1939-1945). Et la réalité quotidienne aidant, ils ont conscience d’autant plus que le libéralisme économique sans retenue ne peut aller qu’en approfondissant une fracture sociale déjà béante dans tous les pays du monde et mener ainsi inéluctablement à une forme nouvelle de féodalisme, telle que décrite notamment dans les travaux de Michael Hudson.

Les politiques provocatrices des États-Unis et de l’OTAN, et les positions insensées adoptées par les dirigeants de certains pays alliés d’Europe et du Moyen-Orient peuvent facilement acculer l’humanité au bord de l’abîme d’une nouvelle guerre mondiale, cette fois avec des armes nucléaires. Selon un témoin de poids de la guerre froide, le général à la retraite George Lee Butler, ancien commandant des forces stratégiques des États-Unis de 1991 a 1994, le recours à ce type de comportement dans les relations internationales n’a pas de justification militaire ou politique, parce que la guerre nucléaire en gros, celle du type que lui et ses collègues anticipaient, planifiaient et simulaient dans des exercices, « rendrait impossible la vie telle que nous la connaissons, des milliers de millions d’êtres humains, d’animaux, tout le vivant en fait, périraient dans des conditions d’extinction pires que celles imaginées ».

Aujourd’hui, l’anti-impérialisme est redevenu la question centrale dans la lutte contre le capitalisme réellement existant et les oligarchies nationales mondialisées et mondialistes, et ce, pour la survie des sociétés et l’équilibre écologique de la planète. Nous reviendrons sur l’impérialisme et le capitalisme global dans des articles qui suivront.


Alberto Rabilotta est un journaliste canadien indépendant, ancien correspondant au Canada des agences Prensa latina (PL) et Notimex (NTX).

Michel Agnaïeff est un ancien dirigeant syndical québécois et un ex-président de la Commission canadienne pour l’UNESCO.

jeudi 4 août 2016

Réflexion sur le coup d'Etat

Vers la naissance d'un néo ottomanisme eurasiatique

Source de l'article le lien ici : Le Saker Francophone

La crise qui a éclaté en Turquie à l'issue de la tentative de coup d'Etat du 15 juillet dernier est certainement la crise la plus importante du moment, et surtout pour Washington (d'où le silence médiatique qui est inversement proportionnel à la gravité de la situation)

La sortie de l'OTAN de la Turquie parait aujourd'hui plus que probable autant que le rapprochement de Ankara et Moscou est une certitude tant politique que économique...

Quel que soit son niveau d'implication dans ce coup d'Etat manqué Washington est la grande de cette crise qui lui présente l'addition douloureuse de sa stratégie incohérente et incendiaire réalisée dans cette région depuis plus de 20 ans.

La grande inconnue est de savoir comment les USA vont réagir et essayé de garder Ankara dans leur geôle militaro-industrielle ?

En attendant voici une série de réflexions intéressantes de Patrick Armstrong qui fait le tri dans les nombreuses spéculations qui continuent de troubler l'analyse de cette crise...

Erwan Castel

Réflexions sur la tentative de coup d’État en Turquie

Par Patrick Armstrong – Le 26 juillet 2016 – Source Off Guardian

Jusqu’à une rupture ouverte en 2013, Fethullah Gülen (à g.) était l’éminence grise du parti AKP de Recep Erdogan
Il reste encore beaucoup d’éléments obscurs à propos de cette tentative de coup d’État, le plus obscur étant l’implication des États-Unis et leur connaissance préalable, mais je crois qu’on peut déjà tirer certaines conclusions.


1 / Il y a eu un véritable coup d’État, national, préparé contre Erdoğan. Il rassemblait probablement des éléments gülenistes et kémalistes. Alors que ces deux groupes paraissent des alliés improbables, les alliances en vue d’un coup d’État − notamment celles projetant d’assassiner le dirigeant − sont animées davantage par ce contre quoi ils sont que par ce pour quoi ils sont. Les comploteurs ne peuvent souvent pas penser au-delà de l’Acte ; Brutus et Cassius s’attendaient à ce qu’une fois César disparu, la République réapparaisse ; les assassins de Sadate imaginaient qu’une fois Pharaon parti, tout irait bien. Mais tout ce qu’ils ont obtenu fut un autre César et un autre Pharaon. Par conséquent un rassemblement temporaire de gülénistes et de kémalistes pour renverser le Sultan n’est pas impossible.

2 / Ce coup d’État était en préparation depuis un certain temps et les services de sécurité turcs en avaient eu vent − « avaient reçu l’information » est l’expression utilisée − à temps pour avertir Erdoğan de s’enfuir juste avant l’arrivée des assassins. L’histoire que le renseignement russe avait réuni les indices et l’avaient averti est tout à fait crédible. Les signaux des renseignements russes ont toujours été très bons et Moscou aurait surveillé les communications en Turquie à cause de l’attaque contre leur avion de combat. C’est très plausible − en particulier si, comme le dit Ankara aujourd’hui, le tir avait été organisé par les comploteurs − que les services de renseignement russes soient tombés sur le complot. Si c’est ainsi, il faudrait immédiatement se demander − et je suis sûr que c’est demandé dans ce que nous sommes probablement habitués à appeler de nouveau la Sublime Porte − si le renseignement étasunien avait aussi eu vent de l’affaire mais n’a pas averti Erdoğan.

3 / Malgré les spéculations ci-dessus, ce coup d’État était beaucoup plus sérieux et a été beaucoup plus près de réussir qu’on ne l’a pensé sur le moment. Si Erdoğan avait été tué et si les gens n’étaient pas descendus dans les rues, nous observerions aujourd’hui quelque chose de totalement différent. (Il est temps d’abandonner l’hypothèse que Erdoğan l’a orchestré lui-même.)

4 / Washington et le coup d’État. J’ai dit que cette question était trouble et je m’attends à ce qu’elle le reste. La principale raison à cela est tout simplement : « Quel Washington ? » La CIA ? Une certaine faction au sein de la CIA ? La cabale néocon qui infeste le Département d’État ? Les bombardiers humanitaires qui peuplent l’entourage d’Obama ? Une faction dans l’armée américaine ? Quelqu’un dans le personnel étasunien à la base aérienne d’Incirlik ? L’ambassadeur des États-Unis ? Ces/certains/d’autres responsables américains auraient-ils encouragé activement les auteurs du coup d’État ou donné une information inexacte (niable) qui a été pris pour un encouragement ? Les services de renseignements étasuniens en ont-ils eu vent et n’ont pas fait passer le message ? L’ont-ils transmis au niveau politique et il n’a pas suivi ? Je soupçonne fortement que ni le président Obama ni le secrétaire d’État Kerry ne pourraient répondre à cette question non plus : personne ne semble être responsable dans les États-Unis d’aujourd’hui. Donc l’étendue de l’implication des États-Unis à un certain niveau ou à un certain degré d’activité ou d’encouragement restera probablement inconnue pendant des décennies. Mais voyons ce qui suit.

5 / Quoi que la réalité puisse être, Erdoğan et son peuple accusent Washington. Il y a eu suffisamment de déclarations directes et indirectes pour justifier cette plainte. La demande − et c’est une demande − d’extrader Gülen est présentée comme un test. Je m’attends à ce que Washington échoue au test pour nulle autre raison qu’une prise de décision trop morcelée. La preuve de l’implication des États-Unis sera examinée, et sera trouvée ou inventée. Le soutien de Washington aux Unités de protection du peuple kurde ne fait que renforcer l’hostilité d’Ankara.

6 / Erdoğan a utilisé le coup d’État comme une occasion d’accélérer et d’élargir la purge qu’il pratiquait déjà. Suffisamment de comploteurs actuels et de sympathisants potentiels ont été neutralisés pour qu’un coup d’État puisse se reproduire dans un proche avenir. Il est entièrement aux commandes et a démontré son important pouvoir sur la rue. À quoi s’ajoute qu’il peut maintenant imputer toutes les décisions absurdes passées (comme le tir sur l’avion russe) aux comploteurs. Donc il est libre de réécrire le passé, il a prouvé sa puissance et peut maintenant faire ce qu’il veut.

7 / Atatürk avait fait une sorte de pacte avec la population : adoptez les comportements européens et, pour finir, l’Europe vous acceptera comme Européens. Pendant des années, je me suis demandé ce qui arriverait lorsque Ankara aurait finalement compris que ça n’arriverait jamais. Nous allons le découvrir maintenant. La Turquie kémaliste n’est plus. Mon hypothèse est que ce qui la remplacera sera quelque chose qui pourrait s’appeler néo-ottomanisme − autoritaire mais avec un certain degré de soutien populaire, à prédominance musulmane mais avec une certaine tolérance, beaucoup plus orienté sur le Sud et l’Est. Mais la future structure prendra du temps pour évoluer et, pour finir, elle pourrait couvrir un territoire plus petit et devenir assez violente.

8 / L’armée turque a été gravement affaiblie et, l’accent sur la sécurité intérieure prédominant maintenant, pour ne rien dire des vastes purges dans le haut commandement, l’époque des aventures militaires en Syrie est terminée. La guerre contre les Kurdes devrait probablement aussi s’atténuer.

9 / Je crois que Erdoğan et sa population ont entamé récemment une sorte d’analyse des coûts et des bénéfices et, juste avant le coup d’État, nous en avons vu les premiers signes avec ses ouvertures vers Israël et la Russie. Premièrement, le côté coûts du livre de compte. La Turquie ne sera jamais admise dans l’Union européenne (non qu’elle soit si attirante ces jours) ; suivre la direction de Washington au Moyen-Orient l’a conduite au désastre et à la défaite ; à tort ou à raison, Ankara pense que Washington l’a trahie. 

10 / L’orientation occidentale est surtout dans la colonne des coûts du livre de compte. Du côté des bénéfices, Ankara a appris combien peut coûter l’inimitié de la Russie (et s’il est vrai que Moscou a averti Erdoğan du coup d’État, ce que l’amitié de la Russie peut offrir). Ensuite, il y a les bénéfices futurs : tangibles s’ils sont sous la forme de devenir le robinet de gaz vers l’Europe méridionale et des gains potentiellement énormes de la stratégie Une Ceinture, une Route de la Chine. Par conséquent, un simple calcul coûts-bénéfices montre qu’un tournant eurasiatique offre beaucoup de bénéfices pour la Turquie tandis que le statu quo lui a coûté.

11 / Un calcul plus brutal voudrait que Erdoğan & Co examinent le rapport de force. Qui gagne ? Sur quel côté parier ? En 2000, les États-Unis étaient de loin le pays le plus puissant sur la terre ; le plus puissant dans tous les sens mesurables. Mais ils ont toujours été en guerre depuis lors et ils perdent ces guerres ; ils ont délocalisé leur puissance industrielle qui était le fondement de leur puissance au siècle dernier ; leurs activités à l’étranger sont maladroites et incohérentes. Quant aux autres porte-étendards occidentaux, aucun ne pourrait éventuellement prétendre que l’avenir de l’UE est brillante. La puissance de l’Occident est en déclin et ce qui en reste est administré avec incompétence. Depuis 2000, d’autre part − bien que les consommateurs des absurdités médiatiques occidentales soient inconscients de cela − sous une direction très capable, la Russie a crû en richesse et en puissance. Il en va de même pour la Chine : une croissance économique et militaire constante combinée avec une direction intelligente et judicieuse. Si vous dirigiez la Turquie, avec lequel voudriez-vous plonger dans votre destin ? En particulier lorsque vos alliés occidentaux vous ont si souvent repoussé ? Et peut-être viennent d’essayer de vous tuer ?
Moscou acceptera le tournant mais demandera un changement de comportement. Plus de soutien détourné à Daesh par la contrebande de pétrole : plus de havre pour les combattants de Daesh ; plus d’interférence en Syrie. Mais elle continuera son approche patiente et tolérera une certaine dissimulation de la part d’Ankara. Moscou prétendra croire (et peut-être que c’est vrai) que l’avion de combat a été abattu par les organisateurs du coup d’État et d’autres déclarations d’Ankara destinées à sauver la face, puisque Erdoğan réécrit le passé.

12 / La Turquie quittera l’OTAN. Ce qui n’est pas encore clair, c’est le calendrier et l’optique. Je peux facilement imaginer un retrait graduel sans aller jusqu’à une rupture totale. Mais si le tournant eurasiatique se produit effectivement, l’OTAN c’est fini. Elle n’apporte plus d’avantages à Ankara et cela doublement étant donné l’usage présumé de la base d’Incirlik comme emplacement pour certains des organisateurs du coup d’État. Washington commence à comprendre qu’Incirlik, en fait, passe d’un actif à un passif et il sera intéressant de voir ce qu’il fait : il est certainement temps d’en retirer les armes nucléaires. (Voir l’article du New Yorker : How secure are the American hydrogen bombs stored at a Turkish airbase ? [Les bombes américaines à hydrogènes stockées sur une base aérienne turque sont-elles en sécurité ?])

13 / Les choses pourraient devenir assez violentes. C’est trop tôt pour le dire. L’appel d’Erdoğan à descendre dans la rue pour stopper le coup d’État a été courageusement entendu et cela suffit peut-être. Sa purge est très vaste et pourrait éliminer la cinquième colonne (ainsi que de nombreux innocents). Tout cela dépend de la force du ciment interne du pays et cela, nous ne pouvons pas le savoir − dans toute société, la distance entre la stabilité et le chaos sanglant est plus courte que la plupart des gens aiment à le penser. Et les changeurs de régime américains, qui ont apporté tant de destructions en si peu de temps aux voisins de la Turquie, ont une nouvelle cible, bien qu’avec un accès et des leviers extrêmement restreints pour le faire.

14 / (Ce qui suit est une pure spéculation. L’Empire ottoman était une entreprise extrêmement multiethnique et multiconfessionnelle. À travers le système du millet, les sultans autorisaient et géraient ces différences. Atatürk a tenté de créer un pays de style européen peuplé par une ethnie qu’il a inventée, dite les Turcs. Les descendants du peuple des Göbekli Tepe, les Troyens, les Bithyniens et les Milétiens, les Caucasiens, les Grecs et les Arméniens survivants, les Seldjouks et les Kurdes seraient dorénavant tous officiellement des Turcs, exactement comme les Bretons, les Bourguignons et les locuteurs occitans étaient officiellement des Français. Cette fiction a réussi à un degré considérable (comme ce fut le cas en France, en Espagne, en Italie, en Allemagne, et ainsi de suite), mais les Kurdes n’ont jamais accepté d’être appelés Turcs ou Turcs des montagnes. Dans une Turquie néo-ottomane, cependant, ils peuvent de nouveau devenir des Kurdes (mais jamais séparatistes). Mais si les Kurdes veulent réellement leur indépendance, c’est probablement la meilleure chance qu’ils ont jamais eue de la prendre.)

Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu part Catherine pour le Saker francophone


lundi 1 août 2016

La crise d'Incirlik

L'OTAN confronté à la crise la plus grave de son histoire
La base stratégique de l'OTAN, à Incirlik 
Le moins que l'on puisse dire est que "le torchon brûle entre Ankara et Washington depuis le coup d'état manqué du 15 juillet dernier, et le fait que les médias occidentaux affichent une discrétion inversement proportionnelle à la gravité de la situation montre à quel point les occidentaux et particulièrement l'OTAN vivent une des crise majeure les plus grave de leur histoire !

Le sulfureux sultan moderne Erdogan est furieux contre Washington qu'il soupçonne de d'avoir organisé, ou soutenu ce coup d'état dont il soupçonne le réseau Gûlen, actuellement en exil aux Etats Unis d'en âtre la cheville ouvrière. 

L'intrigant despote Obama est furieux contre Ankara qui est indiscipliné jusqu'à être ingérable dans sa duplicité politique qui aujourd'hui abandonne son soutien à l'opposition syrienne et pire, renoue un partenariat avec Moscou...

De fait et quel que soit le niveau de connaissance voire d'implication dans la tentative de coup d'Etat en Turquie, Washington aurait eu tout a gagner si Erdogan avait disparu de l’échiquier international...D'autant plus que le problème turc est devenu depuis une crise majeure et un risque pour l'OTAN de voir disparaître la deuxième armée la plus importante de l'organisation et surtout une position géostratégique majeure sur le plan économique et énergétique et au coeur des conflits actuels et certainement futurs les plus importants...

Cette tension entre Washington et Ankara qui est sur le point d'éclater en crise majeure, se cristallise autour de la base stratégique de l'OTAN située à Incirlik. Cette base dont de nombreux officiers étaient impliqué dans le coup d'Etat est la plus grande base militaire étasunienne de la région, et si les médias font le buzz sur la présence d'un arsenal nucléaire important dans son armurerie, c'est surtout la garnison américaine et le symbole qu'elle représente qui est l'objet de toutes les attentions et les tensions présentes.

Depuis le coup d'Etat manqué la base est encerclée par les forces spéciales d'Ankara appartenant à l'armée et la police turques Quel est le but de cette opération qui ressemble à une prise d'otage stratégique ? Ankara cherche t-elle un moyen de chantage pour obtenir l'extradition de l'opposant Gülen en exil aux USA, ou la base sert-elle de bouclier pour parer une deuxième tentative de renversement dont la menace n'est pas complètement écartée malgré la purge réalisée au sein de l'appareil militaire turc.

Quoiqu'il en soit dans le domaine des turquo-occidentales, il y aura un avant putsch et un après putsch qui risque au mieux de se limiter à une entente cordiale minimale entre partenaires...

Le Président Turc doit début août rencontrer le Président Poutine à Moscou et il est déjà question d'un retour à un partenariat constructif, notamment autour des projets gaziers du "Turkish stream" qui, s'il est signé risque fort de provoquer l'ire des néo-conservateurs étasuniens et de leur meute de princes saoudiens, qatari etc...et surtout de rendre difficilement compatible sa coexistence avec une organisation militaire entièrement dévouée depuis le sommet de Varsovie a déclaré une guerre d'intention contre Moscou...

Comme on dit.... "Wait and see !..."

Erwan Castel

Source de l'article, le lien, ici : Réseau International

La Turquie nouvelle assiège Inçirlik

Comme nous l’avons annoncé ici, la base d’Inçirlik demeure encerclée depuis le putsch militaire raté contre le président Erdogan: plus de 7000 éléments d’élite de la police turque, dotés de véhicules blindés, de missiles antiaériens portatifs et de systèmes antichars assiègent la base aérienne d’Inçirlik (Adana) en Turquie méridionale.

Cette base stratégique utilisée par les États-Unis et leurs alliés de l’Alliance Atlantique dont la Turquie est un État membre joue un rôle de premier plan dans les opérations militaires de l’empire au Levant et l’ensemble du Moyen-Orient. Mais ce n’est pas tout: la base abrite près d’une centaine (estimations variant entre 60 et 95 unités) d’armes nucléaires tactiques d’une puissance évaluée par des analystes turcs à une douzaine de mégatonnes.

Des sources turques évoquent un incident qualifié d’assez sérieux intervenu une semaine auparavant aux alentours de la base lorsque des commandos non identifiés ont tenté de briser le siège de la police turque. Un double incendie de diversion suivi par un très intense échange de tirs ont abouti à un statu quo assez inquiétant.

Des snipers turcs positionnés à l’extérieur de la base recourent depuis jeudi à des tirs sporadiques de provocation. L’un de ces tirs de précision (utilisant un calibre 12.7 mm) aurait atteint le secteur utilisé par les militaires US, faisant monter d’un cran supplémentaire l’extrême tension prévalant désormais entre Ankara et Washington.

Ce qui est rapporté ci-dessus se passe dans un pays de l’Otan où est entreposé une impressionnante force de frappe nucléaire.

Ironie du sort, ces événements signent de façon irrévocable la fin de l’Otan, quelques jours à peine après son dernier Sommet de Varsovie, lequel s’est révélé de très mauvaise augure.

Il demeure totalement invraisemblable que les partisans du président Erdogan puissent convoiter les armes nucléaires à Inçirlik comme le laissent entendre certaines rumeurs folles en Turquie (colportées entre autres par la mafia, le PKK et …Daech!) Cependant une chose est certaine: Erdogan semble être résolu à quitter l’Otan. C’est du moins ce qu’affirment ses partisans les plus proches. Reste à savoir quand et comment. Un véritable casse-tête technique, juridique et politique.

Dans les faits, la Turquie pourrait très bien demeurer au sein de l’Otan tout en se considérant en dehors de cette alliance. Or tous les échos en provenance de Turquie renforcent cette idée.

Nous sommes donc face à une Turquie nouvelle, en rupture totale avec celle ayant existé de 1924 à 2015. Les dirigeants de l’Union Européenne se sont tellement auto-intoxiqués en tentant de se persuader que le putsch n’était qu’une énième machination d’Erdogan (ce qui est non seulement erroné mais non dénué d’une certaine perfidie) qu’ils ont oublié l’essentiel: un pays hautement stratégique à cheval entre l’Occident et l’Orient, entre le Nord et le Sud, ayant joué un rôle primordial dans la stratégie occidentale durant la guerre froide et bien au delà, est en train d’être perdu. Cela a un nom: c’est un désastre stratégique complet.

Finalement, ceux qui ont confectionné les révolutions de couleurs et autres ingénieries du chaos (dans le monde musulman et sur les marches historiques de la Russie notamment) se sont révélés non seulement de bien piètres stratèges mais totalement à côté de l’histoire…

C’est une leçon d’histoire. Une autre.

lundi 25 juillet 2016

Quand le sport devient une arme

"La jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente Charte olympique doit être assurée sans discrimination d’aucune sorte, notamment en raison de la race, la couleur, le sexe, l’orientation sexuelle, la langue, la religion, les opinions politiques ou autres, l’origine nationale ou sociale, la fortune, la naissance ou toute autre situation."



Lorsqu'on évoque l'exploitation politique du sport l'image des jeux olympiques de 1936 nous vient à l'esprit. Mais si on observe la manipulation qui est faite aujourd'hui des manifestations sportives par l'oligarchie mondialiste, Adolf Hitler et Goebbels apparaissent comme des propagandistes amateurs !

La popularité naturelle et la médiatisation des événements de haut niveau ont logiquement fait du sport un vecteur privilégié tant pour la publicité commerciale que la propagande politique pou les pays qui accueillent les grandes manifestations sportives. Mais il ne faut pas croire pour autant que l'organisateur ne tire que des bénéfices de cet état de fait, et il est parfois pris en otage par l'événement comme mors des jeux olympiques de Sotchi en 2014 qui ont gelé la politique internationale russe, laissant libre cours au coup d'état organisé sur la Maïdan ukrainien par la CIA.

Aujourd'hui, la nouvelle guerre froide entre Washington et Moscou s'invite dans la préparation des jeux olympiques de Rio, avec une tentative d'exclusion du Comité olympique russe par les USA et le Canada..

Ici, 2 articles publiés par le Saker francophone et qui analysent cette prise d'otage du Sport par la politique russophobe occidentale sur fond de problème de dopage mondial...

On y découvre comment les USA et le Canada dans ce qu'il est convenu d'appeler une parodie d'enquête baclée en 57 jours et bafouant les principes olympiques et de présomption d’innocence, ont orchestré avec le complicité de l'AMA une tentative politique d'exclusion de la Russie des prochains jeux olympiques de Rio sur des témoignages de 3 sportifs passés à l'Ouest et dépendant de leur générosité Le tout bien sûr sur fond de campagne médiatique russophobe et hystérique...

Si finalement l'esprit olympique a finalement pu reprendre le dessus et repousser cette ingérence politique dans les jeux du stade, il ne faut pas se leurrer, car dans le contexte des scandales politico-financiers qui ébranlent déjà et plus profondément que le dopage la probité du sport, c'est bien d'une victoire à la Pyrrhus qu'il s'agit et qui annonce malheureusement pour Rio  plus d'affrontements poilitico-médiatiques que sportifs...
Le seul point commun peut-être entre les futurs JO de Rio et ceux  de Berlin en 1936, c'est qu'ils annoncent, sous des lauriers convoités, critiqués et manipulés, l'arrivée d'une guerre mondiale inéluctable...

Erwan Castel

Vladimir Poutine portant la flamme olympique aux jeux de Sotchi en 2014

Source de l'article, le lien ici : Le Saker Francophone

Washington politise de nouveau les Jeux olympiques

Par Paul Craig Roberts – Le 17 juillet 2016 – Source paulcraigroberts.org

Paul Craig Roberts
Washington et son vassal canadien tentent d’utiliser un scandale de dopage sportif russe créé par les médias occidentaux pour interdire aux Russes de participer aux Jeux olympiques au Brésil. Washington et le Canada font pression sur d’autres pays pour les inciter à participer à la vendetta de Washington contre la Russie. Cette vendetta est menée sous le prétexte de « préserver un athlétisme propre ».

Vous pouvez parier votre vie que Washington n’est pas motivé par le respect de la justice dans le sport. Washington est occupé à l’intérieur du pays à détruire la justice pour les pauvres, et Washington, qui ne tient pas compte de la souveraineté des pays ni du droit international contre l’agression nue, est occupé à l’étranger à détruire des millions de vies à des fins hégémoniques.

Nous pourrions conclure que Washington veut l’hégémonie dans le sport exactement comme il le fait dans les affaires étrangères et veut que les athlètes russes dégagent de son chemin pour que les Américains puissent gagner davantage de médailles. Mais cela manquerait le point véritable de la campagne de Washington contre la Russie. Le scandale du dopage fait partie de l’effort en cours de Washington pour isoler la Russie et construire une opposition à Poutine en Russie même.

Il y a une minorité connue comme les intégrationnistes atlantistes au sein du gouvernement russe et dans le secteur des affaires, qui croit qu’il est plus important pour la Russie d’être intégrée à l’Occident que d’être souveraine. Cette minorité de Russes veut troquer l’indépendance de la Russie contre l’acceptation occidentale. Fondamentalement, ce sont des traîtres que Poutine tolère.

Avec l’interdiction de la participation de la Russie aux Jeux olympiques, Washington tente de renforcer cette opposition à Poutine. Maintenant, l’opposition peut dire : « L’intransigeance de Poutine a mis la Russie à l’écart des Jeux olympiques. Poutine a isolé la Russie. Nous devons coopérer − un euphémisme pour céder − avec l’Occident ou devenir parias. »

C’est le jeu de Washington. L’interdiction des Jeux olympiques est destinée à saper la réputation de Poutine auprès des Russes. « Il nous a écartés des Jeux olympiques ! ».

Les intégrationnistes atlantistes sont prêts à trahir soit Assad soit la Crimée pour être acceptés par Washington. Donc Washington travaille à renforcer ses alliés russes.

Les Européens sont perturbés par la politisation des Jeux olympiques par Washington. Le président du Comité olympique européen Pat Hickey s’est opposé à la tentative de Washington d’imposer une punition « avant la présentation de toute preuve. Une telle interférence et des appels avant la publication du rapport McLaren vont totalement à l’encontre de la procédure légale équitable internationalement reconnue et pourrait avoir complétement compromis l’intégrité et donc la crédibilité de cet important rapport ».

Hickey a dit qu’il ressort clairement de l’effort de Washington et du Canada que « tant l’indépendance que la confidentialité du rapport ont été compromises ». Il poursuit :

« Il est clair que seuls des athlètes et des organisations connus pour soutenir une interdiction de l’équipe olympique russe ont été contactés. »

« Je dois demander en vertu de quelle autorité les agences anti-dopage étasuniennes et canadiennes ont préparé leur lettre et quel mandat elles ont pour lancer un appel international à l’interdiction d’un autre pays dans la famille olympique. »

« Alors que je comprends totalement et partage les préoccupations internationales quant aux récentes allégations de dopage, nous ne pouvons pas permettre à des individus ou à des groupes d’interférer ou de nuire à l’intégrité d’une procédure judiciaire équitable et régulière. »

Washington, évidemment, n’a aucun respect pour les procédures judiciaires régulières aux États-Unis eux-mêmes, ou en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Somalie, au Yémen, au Pakistan, en Syrie, en Ukraine, au Honduras, au Venezuela, en Argentine, au Brésil, en Bolivie, en Équateur ou en Grande-Bretagne, un vassal dont Obama dit qu’il ne sera pas autorisé à quitter l’Union européenne. Pourquoi Washington serait-il concerné par le fait que la Russie puisse bénéficier d’une procédure régulière ?

Dans son article, le New York Times, la mère maquerelle du bordel des médias américains, n’a pas mentionné les préoccupations de Hicky.

Le rapport McLaren est censé être une enquête sur l’accusation que l’usage de drogues par les athlètes russes pour améliorer leurs performances est largement répandu et soutenu par le gouvernement russe. Washington a trop d’argent et trop de menaces à disposition pour que n’importe quel rapport utilisé pour discréditer la Russie puisse être honnête. Lisez mon article d’aujourd’hui sur le MH-17, ou souvenez-vous de la description par Washington d’un vote indépendant en Crimée, où les électeurs choisissent à la quasi unanimité de rejoindre la Russie dont la province fait partie depuis les années 1700, comme étant une « invasion et une annexion russe ».

Il faut une personne très courageuse, comme Pat Hickey, pour résister à Washington, et nous ne savons pas si Hickey succombera aux pressions de Washington qui seront très certainement exercées maintenant sur lui.

Washington continuera à diaboliser la Russie jusqu’à ce qu’une guerre soit provoquée ou jusqu’à ce que le gouvernement russe capitule et accepte une vassalité partielle, trahissant soit Assad soit la Crimée.

Peut-être la Russie et la Chine devraient-elles organiser les Jeux olympiques eurasiatiques et quitter les Jeux occidentaux. Comme Washington a relancé la Guerre froide et tente de la faire devenir chaude, la compétition peut porter sur comment les pays d’Amérique latine et d’Afrique s’alignent. S’ils sont libres de choisir, il est peu probable que les Africains et les Latino-américains rejoignent les jeux de l’homme blanc occidental raciste.

Nous devons nous demander quand viendra le moment où la Russie et la Chine cesseront de rester assises là à encaisser des affronts et des provocations sans fin, au nom de la paix. Lorsque ce moment arrivera, s’il arrive, l’Occident cessera d’être l’arbitre des affaires humaines.

Paul Craig Roberts

Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Catherine pour le Saker francophone


Source de l'article, le lien ici : Le Saker Francophone

Les Jeux olympiques comme un outil de la nouvelle guerre froide

Le 21 juillet 2016 – Source Oriental Review

Le sixième principe fondamental de l’olympisme (non-discrimination de toute nature, y compris sur la nationalité et l’opinion politique) semble être oublié depuis longtemps. Dans la Grèce antique, la compétition des meilleurs athlètes a été en mesure de mettre fin à une guerre et servir comme un pont de compréhension entre deux ennemis récents. Mais au cours du XXe siècle, les Jeux olympiques sont devenus une arme politique. En 1980, les États-Unis et leurs alliés ont boycotté les Jeux à Moscou comme une protestation contre les troupes soviétiques qui étaient entrées en Afghanistan à la demande du gouvernement légitime de ce pays (en revanche, les Jeux olympiques de l’Allemagne nazie de 1936 ont eu lieu comme d’habitude, sous les applaudissements du monde civilisé).

Le 8 mai 2016, le programme CBS 60 Minutes a diffusé une émission au sujet du dopage en Russie. Les interviews tournaient autour de l’enregistrement des conversations entre un ancien membre du personnel de l’Agence antidopage de Russie (RUSADA), Vitaly Stepanov, et l’ex-directeur du laboratoire anti-dopage de la Russie à Moscou, Grigory Rodchenkov. Ce programme était le quatrième épisode d’une longue série à propos de la prétendue existence d’un système pour soutenir le dopage dans le sport russe.

Quelques jours plus tard, le New York Times a publié une interview avec Rodchenkov. C’est l’ancien fonctionnaire qui affirme qu’un programme de dopage soutenu par l’État était actif aux Jeux olympiques de Sotchi et que la commande de ce programme était venue presque directement du président russe.

Un fait important qui a échappé à la plupart des observateurs internationaux était qu’une campagne médiatique, qui avait commencé peu après 2014 et le profond gel des relations russo-occidentales, a été construite autour des témoignages de trois citoyens russes qui étaient tous interconnectés et complices dans une chaîne de scandales de dopage, et qui, plus tard, ont quitté la Russie et tentent de refaire leur vie à l’Ouest.


Yulia Stepanova
A 29 ans, coureuse de demi-fond, Yulia Stepanova peut être considérée comme l’instigatrice de ce scandale. Le meilleur résultat de cette jeune athlète dans une compétition mondiale a été une médaille de bronze au Championnat d’Europe d’athlétisme en indoor en 2011. Aux Championnats du monde de cette même année, elle a terminé huitième. La carrière de Stepanova a déraillé en 2013, lorsque la commission anti-dopage de la Russian Athletic Federation l’a disqualifiée pour deux ans sur la base de « fluctuations de sang dans son passeport biologique d’athlète ». Ces fluctuations sont considérées comme des preuves de dopage. Tous les résultats de Stepanova depuis 2011 ont été invalidés. En outre, elle a dû rendre l’argent des prix qu’elle avait remportés au cours des courses professionnelles en 2011-2012. Stepanova, qui avait été suspendue pour dopage, a agi comme informatrice principale du journaliste d’ARD Hajo Seppelt, qui avait commencé le tournage d’un documentaire sur l’inconduite dans les sports russes. Après la sortie du premier documentaire d’ARD en décembre 2014, Stepanova a quitté la Russie avec son mari et son fils. En 2015, elle a demandé l’asile politique au Canada. Même après que sa suspension eut pris fin en 2015, Stepanova a dit à la Commission de l’AMA (p.142 du Rapport de l’AMA de novembre 2015) qu’elle avait été testée positive pour dopage lors des championnats d’athlétisme sur piste russe à Saransk en juillet 2010 et avait payé 30 000 roubles (environ 1 000 USD à l’époque) au directeur du laboratoire russe anti-dopage à Moscou, Gregory Rodchenkov, en échange de la dissimulation des résultats des tests.


Vitaly Stepanov
Le mari de Ioulia Stepanova est Vitaly Stepanov un ancien membre du personnel au RUSADA. Il avait vécu et étudié aux États-Unis depuis ses 15 ans, mais plus tard, il a décidé de retourner en Russie. En 2008, Vitaly Stepanov a commencé à travailler pour RUSADA comme agent de contrôle anti-dopage. Vitaly a rencontré Yulia Rusanova en 2009 aux championnats nationaux russes à Cheboksary. Stepanov affirme maintenant qu’il a envoyé une lettre à l’AMA détaillant ses révélations en 2010, mais qu’il n’a jamais reçu de réponse. En 2011, Stepanov a quitté RUSADA. Un fait qui mérite l’attention est que Vitaly a avoué qu’il était pleinement conscient que sa femme prenait des substances interdites, alors qu’il travaillait pour RUSADA ainsi qu’après avoir quitté cette organisation. Prenez note que les tests sanguins de Stepanova ont commencé à être positifs en 2011  à savoir à partir du moment où son mari, un officiel de la lutte anti-dopage, a quitté RUSADA. En toute conscience, les Stepanov, maintenant mariés, ont accepté des prix dans des courses professionnelles jusqu’à que Yulia soit disqualifiée. Ensuite, ils ont perdu leur source de revenus et ont soudainement dû rendre l’argent des prix, à tel point que Vitaly Stepanov a demandé le recours à des journalistes étrangers, en offrant de leur dire la « vérité au sujet des sports russes ». Début juin, il a admis que l’AMA avait non seulement aidé le déménagement de sa famille en Amérique, mais leur avaient aussi fourni $30 000 d’aide financière.


Gregory Rodchenkov
Et enfin, la troisième figure dans cette campagne visant à exposer le dopage dans le sport russe est l’ancien chef du laboratoire anti-dopage russe à Moscou, Gregory Rodchenkov. Selon Vitaly Stepanov, il était l’homme qui a vendu des drogues améliorant la performance tout en aidant à cacher leurs traces, et était également venu avec l’idée de « dopage oral noyé dans le Chivas » (p. 50), une technique qui transforme les hommes en champions olympiques. Ce natif de Moscou de 57 ans est reconnu pour être le meilleur dans ce qu’il fait. Il est diplômé de l’Université d’État de Moscou avec un Ph.D. en chimie et a commencé à travailler dans la lutte contre le dopage au laboratoire de Moscou dès 1985. Il a ensuite travaillé au Canada et pour les entreprises pétrochimiques russes, et en 2005, il est devenu le directeur du laboratoire antidopage national de Russie à Moscou. En 2013, Marina Rodchenkova – la sœur de Gregory Rodchenkov – a été reconnue coupable et a été condamnée pour la vente de stéroïdes anabolisants aux athlètes. Son frère a également fait l’objet d’une enquête criminelle sur des accusations qu’il aurait fourni des substances interdites. Menacé de poursuites, Gregory Rodchenkov a commencé à se comporter bizarrement et a été à plusieurs reprises hospitalisé et « soumis à un examen psychiatrique ». Une conclusion a ensuite été présentée au tribunal, affirmant que Rodchenkov souffrait de « troubles de la personnalité schizotypiques », aggravés par le stress. En conséquence, toutes les accusations portées contre Rodchenkov ont été abandonnées. Mais la chose la plus surprenante est que quelqu’un présentant un trouble de la personnalité schizoïde et avec une sœur reconnue coupable de trafic de drogues améliorant la performance a continué à exercer en tant que directeur du seul laboratoire antidopage accrédité par l’AMA de la Russie. En fait, il a occupé ce poste pendant les Jeux olympiques de 2014. Rodchenkov n’a été démis qu’à l’automne 2015, après l’éruption du scandale qui avait été lancé par l’ARD et les Stepanov suite à la diffusion télévisuelle. En septembre 2015, la commission de l’AMA a accusé Rodchenkov d’avoir détruit intentionnellement plus d’un millier d’échantillons afin de dissimuler le dopage parmi les athlètes russes. Il a personnellement nié toutes ces accusations, mais a démissionné et est parti pour les États-Unis où il a été chaleureusement accueilli par le cinéaste Bryan Fogel, qui tournait encore un autre documentaire produit sur commande sur le dopage en Russie.


Richard H. McLaren
Au moment ou cet article est écrit, le Comité international olympique (CIO) étudie un rapport d’une personne indépendante, le professeur canadien Richard H. McLaren, qui a accusé l’ensemble de la Fédération de Russie, et pas seulement les athlètes individuels, de complicité dans l’utilisation des drogues améliorant les performances. McLaren a été rapidement appelé à parler avec l’AMA peu après que le NYT ait publié l’interview avec Rodchenkov. L’objectif était clair : concocter un rapport scientifique à la mi-juillet qui fournirait au CIO des motifs pour interdire la participation de l’équipe russe aux Jeux olympiques de Rio. Lors d’une conférence de presse le 18 juillet, McLaren a lui-même reconnu qu’avec un calendrier de seulement 57 jours, il n’a pas pu « identifier un athlète qui aurait pu bénéficier d’une telle manipulation pour cacher des tests de dopage positifs ». La logique de l’AMA ici est claire. Ils ont besoin d’éviter toute accusation de partialité, de non-professionnalisme, d’embellissement des faits ou de partisanerie politique. Peu importe que la duplicité et le mensonge se trouvent dans le rapport, il a été rédigé par une personne indépendante. Point. Cependant, Richard H. McLaren ne cherche pas à cacher que l’ensemble du rapport est basé sur le témoignage d’une seule personne – Rodchenkov lui-même, qui est présenté à plusieurs reprises comme une source crédible et véridique. Bien sûr que l’homme est accusé par l’AMA elle-même d’avoir détruit 1 417 tests de dopage et doit faire face à une extradition vers la Russie pour ses crimes liés au dopage, mais il a vu une occasion de devenir un précieux témoin et un prisonnier de conscience persécuté par le régime totalitaire en Russie.

L’avantage dont jouit cette commission indépendante – dont le rapport sera la base du CIO pour décider du sort des espoirs olympiques de la Russie – est que ses accusations ne seront pas examinées devant un tribunal, le corps de la preuve ne sera pas contestable par les avocats de l’accusé. Il n’y aura aucune présomption d’innocence légale habituelle à l’évidence.

Il ressort de la déclaration du professeur McLaren qu’aucune accusation ne sera portée contre les athlètes russes de manière spécifique. De plus, ils peuvent tous participer s’ils refusent de représenter la Russie aux Jeux olympiques. Il y a des raisons évidentes à cette sélectivité. Professeur de droit et membre de longue date de la Cour d’arbitrage du sport, le professeur McLaren sait très bien que toutes les accusations portées contre des individus spécifiques qui sont faites publiquement et se traduisent par actes juridiques − comme une interdiction de participation olympique − peuvent être et seront contestées devant les tribunaux, conformément au droit international et sur la base de la présomption d’innocence. Tous les éléments de preuve utilisés par l’accusation sont contestables, et si un fait inclus dans ces charges peut être interprété à l’avantage de l’accusé, le tribunal est tenu d’exclure ce fait à partir des matériaux à la disposition de la poursuite.

En tant qu’avocat, McLaren comprend tout cela très bien. Des centaines de procès intentés par des athlètes russes donnant un résultat sans équivoque peuvent non seulement détruire sa réputation mais aussi le ruiner professionnellement – ils pourraient aussi constituer la base d’une enquête criminelle avec des motifs évidents l’accusant de déformer intentionnellement quelques faits qui, à ses yeux peuvent être résumés comme suit.

Durant les Jeux olympiques de Sotchi, un officier du FSB nommé Evgeny Blokhin a échangé les tests de dopage pris sur les athlètes russes contre des échantillons d’urine propres. On dit de cet agent qu’il possédait le code de sécurité d’un entrepreneur en plomberie, ce qui lui aurait permis d’entrer dans le laboratoire. En outre, il est rapporté que Evgeny Kurdyatsev, le chef du Département de l’enregistrement et de l’échantillonnage biologique, a échangé les tests de dopage dans la nuit, à travers un trou de souris dans le mur (!). Celui qui les attendait dans le bâtiment adjacent était l’homme qui a fourni maintenant la preuve crédible – Gregory Rodchenkov – et quelques autres individus anonymes, qui ont passé à Blokhin les tests de dopage propres des athlètes à utiliser pour remplacer les échantillons originaux. Si la qualité spécifique de l’urine propre ne correspondait pas au profil d’origine, elle était adaptée en utilisant du sel de table ou de l’eau distillée. Mais bien sûr, l’ADN était incompatible. Et tout cela se passait dans le seul laboratoire anti-dopage officiel en Russie, accrédité par l’AMA !

Comment quelque chose comme cela pourrait sonner dans un tribunal ? Nous avons des témoins, mais l’équipe de la défense ne peut pas les soumettre à un contre-interrogatoire. Nous ne pouvons pas prouver que Blokhin est un agent du FSB, mais nous le croyons. Nous ne possédons pas les documents originaux – pas une seule photo ou déclaration écrite sous serment de l’examen officiel – mais nous avons des preuves suffisantes d’un seul criminel qui a déjà avoué son crime. Nous ne soumettons pas les e-mails fournis par Rodchenkov à l’examen de tous les experts, mais nous affirmons que les e-mails sont authentiques, que tous les faits qu’ils contiennent sont exacts, et que les noms des expéditeurs sont corrects. Nous ne pouvons pas accuser les athlètes, nous allons accuser et punir l’État!

Pour être honnête, nous ne croyons toujours pas que le mouvement olympique a sombré si bas pour priver des milliards de personnes du plaisir de regarder les compétitions, oubliant la politique et les politiciens. Cela voudrait dire au revoir à la réputation de l’AMA, du CIO et du système mondial du sport dans son ensemble. Peut-être qu’une solution au problème colossal du dopage est attendue depuis longtemps, mais la réponse se trouve-t-elle dans les limites d’un seul pays, même un grand pays comme la Russie ? Faut-il prendre un moment et insister sur l’histoire multi-volume des scandales de dopage dans tous les pays du monde ? Et compte tenu de ces faits qui sont venus à la lumière, n’est-ce pas l’AMA elle-même la pierre angulaire du système existant, système de grande envergure pour soutenir et couvrir le dopage sportif partout dans le monde ?

En conclusion, nous citons ci-dessous la traduction complète de la déclaration du Comité olympique russe en réponse au rapport de l’AMA :

Les accusations portées contre les sports russes trouvées dans le rapport de Richard McLaren sont si graves qu’une enquête complète est nécessaire, avec la participation de toutes les parties. Le Comité olympique russe a une politique de tolérance zéro et soutient la lutte contre le dopage. Il est prêt à apporter son assistance complète et à travailler ensemble, au besoin, avec toute organisation internationale.

Nous sommes totalement en désaccord avec l’opinion de M. McLaren que l’interdiction éventuelle faite à des centaines d’athlètes propres russes de concourir aux Jeux olympiques est une « conséquence désagréable » mais acceptable des charges contenues dans son rapport.

Les charges établies sont principalement basées sur des déclarations faites par Grigory Rodchenkov. Ceci est uniquement basé sur le témoignage de quelqu’un qui est à l’épicentre de cette entreprise criminelle, qui est un coup non seulement pour les carrières et les destins d’un grand nombre d’athlètes propres, mais aussi pour l’intégrité de l’ensemble du mouvement olympique international.

La Russie a lutté contre le dopage et continuera à se battre au niveau de l’État, durcissant régulièrement les sanctions pour toute activité illégale de ce type et faisant respecter un précepte de peine inévitable.

Le Comité olympique russe soutient pleinement les peines les plus sévères possibles contre toute personne qui soit utilise des médicaments interdits ou encourage leur utilisation.

Dans le même temps, le COR, agissant en pleine conformité avec la Charte olympique, s’engage à toujours protéger les droits des athlètes propres. Ceux qui tout au long de leur carrière, grâce à un entrainement incessant, le talent et la volonté, cherchent à réaliser leurs rêves olympiques ne devraient pas voir leur avenir déterminé par des accusations sans fondement, non motivées et les actes criminels de certains individus. Pour nous, c’est une question de principe.

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